Analyse du seuil de rentabilité axée sur la valeur de l’entreprise

Publié le : 15 juin 202111 mins de lecture

L’analyse du seuil de rentabilité axée sur la valeur de l’entreprise désigne une forme modifiée de l’analyse du seuil de rentabilité et représente un instrument essentiel du contrôle de gestion axé sur la valeur.

Qu’est-ce que le seuil de rentabilité ?

Le seuil de rentabilité, correspond au montant de chiffre d’affaires minimum qu’une entreprise doit réaliser pour qu’elle puisse dégager de la rentabilité. C’est une notion essentielle dans le développement de l’entreprise puisqu’elle marque le moment à partir duquel elle devient rentable.

Les possibilités d’une analyse du seuil de rentabilité axée sur la valeur de l’entreprise sont expliquées à l’aide de l’exemple suivant :

Une unité commerciale réalise un chiffre d’affaires constant de 500 millions d’euros par an. Le résultat d’exploitation avant intérêts et impôts est de 6 % des ventes (= rendement des ventes avant intérêts et impôts). Le taux d’imposition calculé sur cette base pour les impôts non crédités est de 10 %. Outre le réinvestissement des amortissements à hauteur de 1 es ventes, des investissements annuels sont réalisés dans les immobilisations afin de réaliser des économies dans le même montant de fonds de roulement (par exemple, investissement dans des systèmes de gestion des marchandises pour réduire les stocks). Les investissements d’expansion favorisant la croissance ne sont donc pas prévus. Le capital investi (immobilisations et fonds de roulement) s’élève à 225 millions d’euros. Le coût du capital s’élève à 10 % du capital total.

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Quand faut-il déterminer le seuil de rentabilité ?

Le seuil de rentabilité est un indicateur important qui doit être mesuré lors de moments clés d’une entreprise :

  • Lors de la création de l’entreprise. Il fait partie des indicateurs qui apparaissent dans le prévisionnel financier qui est la partie chiffrée du business plan. Le passage du seuil de rentabilité est un événement souvent fêté par les jeunes entreprises incubées car c’est un peu la preuve que le projet « tient la route » et qu’il a passé avec succès une étape capitale.
  • Lors d’opérations spécifiques comme un lancement de produit, la mise en œuvre d’un projet.

Le seuil de rentabilité doit aussi être suivi régulièrement. Son évolution fournit des premières indications intéressantes sur le poids et l’équilibre des charges dans l’entreprise.  C’est, avec d’autres indicateurs un premier niveau d’alerte en cas de dérapage des charges.

Enfin, le seuil de rentabilité peut avoir une utilité plus spécifique en étant mesuré pour une catégorie de produit, un projet défini, un établissement.

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L’analyse du seuil de rentabilité peut maintenant être utilisée pour analyser

  • a) quelles valeurs de seuil de rentabilité les paramètres initiaux peuvent prendre pour que l’unité commerciale génère une contribution de valeur de 0 €, c’est-à-dire que les coûts d’investissement sont juste couverts ;
  • b) quels chiffres cibles doivent être atteints pour augmenter la valeur d’entreprise actuelle de 60 millions d’euros. Sous l’hypothèse simplificatrice de la perpétuité, on calcule la valeur d’entreprise du capital total.

L’objectif de l’analyse du seuil de rentabilité dynamique axée sur la valeur de l’entreprise est le suivant

  • de « comprimer » autant que possible la phase de démarrage (par exemple en raccourcissant les temps de développement, en déplaçant la courbe de contribution à la valeur cible vers la droite) ;
  • réduire les coûts de démarrage ou les reporter à l’avenir (par exemple, en louant au lieu d’acheter, etc., en aplatissant la courbe de contribution à la valeur cible) ;
  • la phase avec des cash-flows libres positifs, c’est-à-dire en avançant le plus possible dans le cycle du marché (par exemple en acquérant du savoir-faire ou des canaux de distribution, en déplaçant la courbe de contribution à la valeur réelle vers la gauche) ;
  • augmenter les flux de trésorerie disponibles (par exemple, par la gestion des coûts, la réduction des gammes de stocks, l’externalisation, en déplaçant la courbe de contribution à la valeur réelle vers le haut) ;
  • prolonger autant que possible la période de commercialisation (par exemple en relançant le produit, en créant des barrières à l’entrée, étirer la courbe de contribution à la valeur réelle vers la droite).

Les difficultés posées par le calcul du seuil de rentabilité

Les explications qu’on a fournies sont simplifiées pour aider à la compréhension de ce qu’est un seuil de rentabilité. Dans la réalité, et lors de l’établissement d’un prévisionnel financier, les calculs sont rendus plus complexes pour plusieurs raisons :

  • Si étonnant que cela puisse paraître, la limite entre charges fixes et charges variables n’est pas toujours bien tranchée (téléphonie, affranchissement, certaines impôts ou taxes) ;
  • Les charges variables ne varient pas forcément de manière linéaire par rapport au chiffre d’affaires. On achète souvent par quantités prédéfinies (palettes, unités), les coûts de transports ne sont pas linéaires ;
  • Certaines charges fixes évoluent par palier (l’embauche d’un salarié supplémentaire, le loyer). La méthode présentée ne prend pas en compte les effets de seuil dus à l’augmentation du chiffre d’affaires ;
  • L’évaluation des charges n’est pas toujours simple (montant des impôts et ou des cotisations sociales, le chiffre d’affaires rapporté pour un investissement ou une dépense).

L’avantage de cette méthode est d’être simple et de permettre de faire un premier calcul d’évaluation du seuil de rentabilité, sa relative imprécision la limite à des mesures de seuil de rentabilité simples.

Pour déterminer le seuil de rentabilité d’un projet complet, voire complexe, la plupart des créateurs font appel à un expert-comptable tant pour les outils qu’il a à sa disposition pour réaliser le prévisionnel financier et les indicateurs qui l’accompagnent que pour la précision qu’il peut apporter dans l’estimation et la répartition des charges (distinction entre charges fixes et variables).

Bien souvent, l’aide et les conseils de l’expert-comptable permettent d’affiner le dossier, de faciliter la recherche de financement et d’optimiser certains éléments comme la rémunération du dirigeant qui amortissent les honoraires qu’il facture.

Comment optimiser la rentabilité de son entreprise ?

Chaque entreprise est unique, la nature de son activité, sa performance économique, sa structure de coût, son organisation, ne permet pas de proposer des solutions toutes faites permettant de dépasser le seuil de rentabilité.

Il est toutefois possible d’identifier des modes de fonctionnement permettant d’améliorer la performance économique de l’entreprise ce qui réduira nécessairement le niveau du seuil de rentabilité.

Mettre en place un contrôle de gestion adapté

Contrairement aux idées reçues, le contrôle de gestion ne s’adresse pas qu’aux grandes entreprises. Avoir une gestion d’entreprise saine concerne aussi bien les grandes entreprises, que les PME, les TPE, les entreprises individuelles et même les micro-entrepreneurs. C’est en effet dès la création d’entreprise que l’entrepreneur doit s’intéresser à la gestion de son entreprise.

Piloter son entreprise n’est pas une démarche compliquée, elle nécessite de suivre quelques indicateurs essentiels comme : (la trésorerie, le fonds de roulement, le prix de revient, la marge brute, la marge commerciale, le résultat net, le coût de revient, le Besoin en fonds de roulement ou BFR, le résultat d’exploitation), afin de réagir rapidement en cas d’alerte.

Le tableau de bord est le meilleur moyen pour suivre ces indicateurs, grâce à une compta à jour, le tableau de bord permet d’alerter le chef d’entreprise en cas de dérapage et motive une analyse financière à court terme dont l’objet sera d’identifier notamment les raisons du dérapage (augmentation des charges d’exploitation directes et indirectes, fixes et variables, mais aussi les immobilisations et leurs amortissements).

Adapter l’organisation et la structure de l’entreprise en fonction des besoins et des contraintes

La structure et l’organisation d’une entreprise ont des conséquences importantes sur son niveau de rentabilité. Dans le calcul du seuil de rentabilité, le montant des charges fixes est au numérateur, lorsqu’ils sont trop importants, ils pénalisent le niveau de performance de l’indicateur. Travailler sur l’amélioration de la structure et de l’organisation de l’entreprise peut se faire à plusieurs niveaux :

  • avoir une structure juridique adaptée à l’activité : Entreprise Individuelle, EURL, SARL, SASU ou SAS ;
  • avoir une structure et une gestion financière permettant à l’entreprise de s’adapter aux besoins du marché (nature de l’actionnariat, capitaux propres, cash-flow, capacité de remboursement ;
  • avoir une structure de coût souple et adaptée : équilibre entre charges fixes et charges variables, niveaux des provisions, valeur ajoutée, calcul de la marge ;
  • avoir une organisation (production, RH, commerciale) permettant d’adapter l’entreprise aux besoins du marché.

Disposer d’un conseil en gestion de qualité

Le durcissement de la concurrence impose aux entreprises une gestion de plus en plus précise. S’entourer de collaborateurs ou d’un cabinet d’expertise comptable de qualité permet aux dirigeants d’avoir des éléments financiers fiables pour prendre les meilleures décisions mais aussi de disposer d’outils d’aide à la gestion.

En effet, c’est à partir des documents comptables, que le dirigeant pourra lister ses charges, calculer sa marge, et son prix de revient, bref les indicateurs qui lui permettront de connaître son seuil de rentabilité et son point mort.

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